Août 04

Savard, Jean-François, Sébastien Girard-Lindsay et Emmanuel Saël (2018), Les Autochtones et les Forces armées canadiennes : une relation mise en perspective.

Les relations entre les communautés autochtones et les Forces armées se sont forgées dès les débuts de la colonisation. Bien que leur évolution ait marqué l’histoire canadienne, il s’agit souvent d’un chapitre méconnu de notre histoire. Cette recension des écrits, qui aborde la question des relations entre les Forces armées et les Autochtones, se structure selon deux perspectives : l’une montrant les impacts négatifs de cette relation sur le développement des peuples autochtones, et l’autre offrant une vue paradoxale de cette relation en mettant l’accent sur les contributions positives de cette relation.

Dans un premier temps, nous traiterons des écrits qui s’inscrivent dans le courant qui perçoit les Forces armées comme un outil colonialiste. Nous ferons ressortir trois idées principales. D’abord, le fait que les Forces armées sont présentées comme une force coercitive à l’égard des premiers occupants. Ensuite, nous analyserons les écrits traitant de l’expérience du racisme institutionnalisé vécu par les Autochtones, puis ceux traitant du racisme systémique vécu, notamment, par les vétérans autochtones dans la façon dont ils ont été traités par l’État canadien. Dans la deuxième partie, nous aborderons les écrits qui perçoivent les Forces armées comme un outil de reconnaissance, d’intégration et d’affirmation nationale. Cette section explorera la création d’unités autochtones distinctes, la façon dont la participation des Autochtones aux missions militaires a entraîné une affirmation identitaire et l’effet de leur présence sur la reconnaissance de la diversité et de l’équité.

Eu égard au contexte canadien, les expériences militaires des peuples autochtones ne sont pas uniques. En effet, dans plusieurs autres pays, le colonialisme a créé de nombreuses circonstances dans lesquelles les minorités autochtones ont contribué aux forces armées d’une société qui n’était pas à l’origine la leur. Nous pouvons à cet égard établir certains parallèles évidents entre l’expérience canadienne et celle d’autres « sociétés britanniques », comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis (Lackenbauer et Mantle, 2007). Dans chacun de ces pays, les Aborigènes, les Maoris et les Autochtones ont établi des traditions à la fois de résistance et d’alliance avec les nouveaux venus. Nous  tiendrons donc compte de ces cas dans notre étude, en les mettant en parallèle, afin de mieux comprendre les réalités canadiennes.

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À propos de l'auteur

Détenteur d’un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université Carleton, Jean-François Savard est professeur à l’ENAP (École nationale d’administration publique) depuis 2006, où il y enseigne l’analyse et la conception et la mise en oeuvre des politiques publiques. Ses travaux de recherche portent sur les questions de politiques autochtones, plus particulièrement sur l’autonomie gouvernementale autochtone, les relations entre les communautés autochtones et les administrations publiques du Québec et du Canada et du fédéralisme. En savoir plus →