En 1998, la revue Wicazo SA a consacré un numéro spécial aux thèmes des technologies et des cultures autochtones. Dans un article publié dans le cadre de ce numéro, j’indiquais que, bien qu’il ait été trop tôt à l’époque pour mesurer les effets de l’arrivée d’Internet dans les communautés autochtones, le plus grand danger qui les guettait était la perte graduelle de leur culture (Savard 1998). Une décennie plus tard, Internet est passé d’un média de masse (au sein duquel chacun peut créer du contenu et le diffuser à tous) à un média social – une révolution qu’aucun autre média (qu’il s’agisse de l’imprimé, de la radiodiffusion ou de la télédiffusion) n’a connue. Son accessibilité s’est accrue de façon exponentielle. S’il y a quinze ans, à l’exemple d’Howard Rheingold (1993), on rêvait de communautés virtuelles, il semble aujourd’hui que le phénomène soit avéré. En partant du postulat que les communautés virtuelles existent, il est donc pertinent de
se poser la question suivante : comment les peuples autochtones s’approprient-ils ces réseaux virtuels ?
Une brève revue de la littérature effectuée en 2009 a démontré que nous sommes encore loin de pouvoir répondre à la question, peu de travaux s’y intéressant. Le texte suivant expose les fruits d’une réflexion présentée à l’invitation du CIÉRA dans le cadre de son colloque annuel de 2009. J’y explorerai brièvement trois hypothèses susceptibles d’apporter des éléments de réponses à la
question. Ces hypothèses me conduiront à proposer en conclusion un plan de recherche visant à mieux comprendre les appropriations autochtones des communautés virtuelles. Mais avant de pouvoir explorer ces hypothèses, il convient de définir la morphologie des communautés virtuelles et de faire état des conditions nécessaires à leur accès.
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